6 mois de prison ferme pour le bourreau de “CHEVELU”

15 Sep 2017 | Justice, Société

Au terme de trois heures d’audience, le tribunal correctionnel de Draguignan a condamné ce vendredi  15 septembre 2017 l’auteur de sévices graves qui, le 31 mai dernier, dans le centre ancien de Draguignan, avait provoqué la mort du chat “Chevelu”.

Le Dracénois de 28 ans, Johnny Marquaire, qui avait, en garde à vue reconnu avoir frappé l’animal à trois reprises avec ses chaussures de sécurité était bien présent dans un procès où la SPA s’était constituée partie civile. L’homme avait déjà été condamné à plusieurs reprises. Il est par ailleurs mis en examen pour des violences volontaires sur son enfant victime du syndrome du bébé secoué. 

Ce pâtissier de 28 ans, qui avait reconnu l’agression sur Chevelu après avoir longtemps cherché à brouiller les pistes, a été condamné à six mois d’emprisonnement .

Allant au-delà des réquisitions du procureur, le tribunal a décerné contre le jeune homme un mandat de dépôt à la barre.

Selon ce qu’il a expliqué à l’audience, Johnny avait donné trois violents coups de pied à l’animal, avec des chaussures de sécurité, parce qu’il soupçonnait “Chevelu” d’uriner sur la selle de son scooter.

De nombreux défenseurs de la cause animale s’étaient rassemblés devant le Palais de Justice de Draguignan en soutien aux nombreuses parties civiles .

Textes Var-Matin et France 3

__________________________________________________________________________________________________________________________

Compte rendu d’Audience. Par Michèle Végé

(Au lieu de Verdict, lire Jugement)

Verdict du procès de Jonny Marquaire, qui a tué Chevelu en mai dernier à Draguigan :
– 6 mois de prison (fermes, pas avec sursis)
– Interdiction à vie de “posséder” un animal
– 1 000 € à payer à chacune des 12 parties civiles (500 € à titre de dommages et intérêts + 500 € en application de l’article 475-1 du code de procédure pénale) soit 12 000 euros au total.
Il a été écroué immédiatement. C’est-à-dire qu’il a quitté le tribunal en fourgon, direction la prison.
J’ai pu assister au procès : la juge, tout d’abord, a rappelé les faits et aussi le long casier judiciaire du prévenu.
Il a déjà été condamné il y a quelques temps à 750 euros d’amende pour avoir laissé mourir son chien (enfermé sans aucune nourriture dans son appartement, jusqu’au décès de l’animal…) Ce jeune homme a apparemment aussi été condamné plusieurs fois pour diverses agressions, dont certaines à main armée ; sa propre fille a subi le syndrome du “bébé secoué”…
La juge semblait également trouver très grave la mise à mort de Chevelu, qu’elle a décrite de façon non ambiguë.
Les faits, avoués par monsieur Marquaire, sont les suivants : il a amadoué le chat, qu’il connaissait, en lui proposant de la nourriture, avant de le tuer à coups de pieds avec ses chaussures de sécurité renforcées aux bouts…
C’était très dur, d’entendre le rappel de tout cela.
Il a été dit qu’ il avait donné un premier coup de pied extrêmement violent, puisqu’il a reconnu lui-même que dès ce premier coup, qui a projeté le chat assez loin, il avait vu du sang et que le chat était très mal en point. Il a vu le sang quand il s’est approché de lui pour lui en asséner deux autres. D’après ses aveux le chat aurait été encore vivant après ça, et se serait traîné un peu plus loin pour mourir. Le fait que ses yeux ont été sortis de ses orbites sous la violence des coups a aussi été mentionné…
L’ambiance dans la salle était bien lourde, vous pouvez me croire…
La juge a en outre bien insisté sur le fait que Marquaire et sa compagne avaient, avec préméditation et concertation, essayé de faire endosser l’acte à d’autres personnes, par des dénonciations totalement mensongères et faisant ainsi perdre des semaines aux enquêteurs de police sur Draguignan.
A un moment elle lui a demandé de s’expliquer sur ses motivations. Il a répondu que la justice lui avait enlevé sa fille (pour suspicion de mauvais traitements) et qu’il avait voulu se venger. Elle s’est indignée de sa réponse, lui faisant remarquer qu’elle ne voyait vraiment aucune légitimité dans cette excuse.
Il a aussi dit qu’il avait fait ça parce que d’après lui, Chevelu “avait pissé sur la selle de son scooter” : la juge, inutile de vous le dire, n’a pas trouvé ce motif plus recevable que le précédent.
Les divers avocats de la partie civile se sont ensuite succédé à la barre. (De mémoire : au nom de One Voice, de la Fondation BB, de Trente Millions d’Amis, de la Confédération des SPA, des Amis des Chats de Draguignan, de M.H.A.N. (Mouvement Hommes-Animaux-Nature), Asso Stéphane Lamart, + d’autres dont j’ai hélas oublié le nom.)
Je ne peux pas vous donner le détail de chacune de leurs plaidoiries, d’autant qu’il n’y avait pas de micro et qu’ils étaient dos à la salle, c’était difficile de tout entendre de leurs propos. En gros ils ont bien sûr tous rappelé la gravité des faits, que l’animal était un être vivant doué de sensibilité, tous réclamé diverses sommes en dommages et intérêts, et tous insisté sur le fait que ces affaires ne devaient pas être prises à la légère, l’une d’entre eux par exemple rappelant que 70% des auteurs de violence envers les humains avouaient s’être fait la main sur les animaux.
Une a été particulièrement virulente. Elle a parlé de la “médiatisation mondiale de l’affaire Chevelu”, citant le nombre de signataires de la pétition demandant une peine exemplaire pour son bourreau (plus de 260 000), et évoquant la foule massée à l’extérieur du tribunal et les cartes postales envoyées par des particuliers en soutien à la mémoire du chat martyrisé (plus de 3000.) Elle a remis en cause le jugement antérieur au sujet de la mort du chien, dénonçant la peine comme ridicule au regard de l’acte commis, ce qui a gravement énervé la juge qui a pris cela comme une remise en cause de la Justice Française et n’a pas manqué de le lui faire savoir.
Cette avocate, au moment de sa requisition de peine, a tenu à expliquer qu’elle n’était pas intéressée et que donc, elle, ne demanderait que 500 € de dommages et intérêts car pour elle, le plus important était plutôt par exemple que l’on interdise à vie à cet homme de posséder un animal.
Son propos a déclenché un grand remous sur le banc des autres avocats de la partie civile, dont l’une s’est levée pour dire qu’elle était choquée par le sous-entendu contenu dans cette phrase, et tenant à préciser que les autres avocats n’étaient pas intéressés eux non plus par l’argent, mais par le fait d’obtenir une condamnation sévère du prévenu. S’en est suivi un moment de brouhaha et de tension, et la juge de nouveau a parlé de façon assez dure à l’avocate qui se trouvait à la barre à ce moment.
Le procureur a eu ensuite la parole ; il n’a pas mâché ses mots, demandant lui aussi une peine exemplaire et l’interdiction à vie de (etc), rappelant de nouveau la gravité des faits, la tentative aussi d’avoir voulu faire accuser d’autres personnes qui n’avaient rien à voir dans l’affaire, etc.
Puis est monté à la barre l’avocat de la défense, qui a longuement parlé.
Au départ il semblait lui-même extrêmement choqué par les actes. C’était assez confus. Il essayait pratiquement de dire qu’un avocat est bien obligé de défendre son client même si il réprouve complètement la faute commise… Il a parlé avec insistance, et force exemples, de l’attachement des humains aux animaux, il a même dit que la langue française pourtant riche, ne proposait pas de mot assez fort pour désigner l’acte commis…
Ensuite sa plaidoirie a changé de cap : il a évoqué le lynchage public de son client et la violence des propos tenus à son égard sur les réseaux sociaux, dont il s’est dit très choqué. Il n’en a pas cités in extenso, préférant laisser planer un flou dramatique avec des formules d’avocat, du genre “je préfère m’abstenir d’en citer, par décence ” mais il a bien fait comprendre qu’il s’agissait y compris de menaces ou de souhaits de mort à l’égard de son client. Bref, il a conduit sa barque jusqu’à pouvoir asséner “il faut raison garder, nous n’allons quand même pas accorder plus d’importance à la vie d’un chat qu’à celle d’un humain”, ce sur quoi la juge s’est empressée de rebondir : “Oui il faut raison garder, dans la salle d’audience d’à côté, en ce moment se tient le procès d’un homme qui a sodomisé son neveu de 13 ans.”
En fait, la haine étalée partout à base d’insultes et de “il faut le flinguer, cet enculé !”, a mené les magistrats à nous rappeler que “Chevelu n’était quand même qu’un animal”. Ça n’a pas été dit comme ça, mais c’était clairement le sens. Et ce que je suis en train d’essayer de dire, là, pour être claire, c’est que ce défoulement de certains par des menaces et/ou souhaits de mort proférés à l’encontre du tortionnaire de Chevelu a été CONTRE-PRODUCTIF à la fois pour la cause animale et pour l’image globale des défenseurs des animaux.
Après cela il s’en est pris à l’avocate virulente, en disant à la juge qu’elle n’avait pas à se laisser dicter son verdict par quiconque.
Il a insisté longtemps : sa plaidoirie s’est presque transformée en mini-procès de sa consœur à l’intérieur-même du procès du prévenu.
Puis il est passé au rappel de l’enfance malheureuse de son client, qu’il a décrite longuement, insistant sur son besoin d’être entouré de psychiatres ou autres professionnels pour apprendre à gérer son comportement, plutôt que d’aller en prison…
La juge a repris la parole un court instant, entre autre pour rappeler que “Ici on est en France, pas aux Etats-Unis”… Une sorte de cocorico que j’ai trouvé un peu déplacé, personnellement, et sans doute poussé en réaction au fait qu’une autre des avocates a expliqué que le FBI désormais traitait les affaires de maltraitance animale avec autant de sérieux que les affaires de maltraitance humaine, parce qu’il était maintenant établi que les auteurs des-unes étaient souvent capables des autres.
Suspension de séance, puis le verdict est tombé.
A son énoncé, monsieur Marquaire a demandé à la juge si il pouvait bénéficier d’une protection particulière en prison. Elle lui a répondu que non.
A la sortie, l’avocate la plus virulente a tenu à annoncer elle-même le verdict aux gens massés devant le tribunal, verdict qu’elle a qualifié d’une “victoire de la Rue”, et elle s’est fait prendre à partie par une confrère qui lui a reproché son allusion à son “désintéressement”, allusion jugée offensante pour les avocats des autres associations, et son agressivité envers la juge.
“La juge était acquise à la cause animale, si vous ne lui aviez pas parlé ainsi la peine aurait été bien plus lourde, mais là elle n’a pas voulu céder à votre pression.” (En gros.)
Dans la foule des gens se sont énervés, certains prenant le parti de l’une ou de l’autre.
Puis certains des manifestants sont allés rejoindre la stèle érigée en mémoire du calvaire de ce pauvre animal, stèle située sur le lieu-même de sa mort, à quelques pas à peine du tribunal, et sur laquelle une photo de lui nous a rappelé encore une fois son regard si doux et confiant…

LES DERNIÈRES ÉMISSIONS