Concerto de concrétions à l’aven Plérimond

2 Mar 2018 | Société

Reportage Yves Frebourg

L’aven de Plérimond s’ouvre sur le flan nord-est d’une ondulation du plateau de Villecroze, à mi-distance de ce village et d’Aups. Il a fait l’objet par les spéléologues du Groupement de recherches scientifiques de Draguignan et du Var (GRS) d’une douzaine de sorties entre 1957 et 1965, même si c’est le club de spéléologie de Saint-Raphaël qui en fit l’exploration en 1952. Tout a commencé par une petite tragédie.

Au début des années cinquante, un chasseur voit disparaître son chien dans une cavité. Il descend alors au village pour chercher de l’aide. Parmi les sauveteurs, se trouve un gaillard un peu plus sportif que les autres, qui déroula une corde à noeuds pour récupérer le malheureux animal blessé à une patte. Mais le spéléo improvisé venait de faire une description troublante de cet aven : son sol était jonché d’ossements en tous genres : chiens, chèvres, chevaux et… humains !

Ce n’est qu’en 1964 que les gars et filles du GRS en découvrirent l’entrée véritable, condamnée par une grosse dalle, sans doute depuis l’antiquité. L’ouverture se présente sous la forme d’un triangle qui donne accès, 15 mètres plus bas, à une grande salle de 25 mètres de diamètre.

Les explorateurs se rendent rapidement compte que tous les ossements ont été disposés au pied d’un cône d’éboulis et non jetés de l’extérieur, des crânes étant par ailleurs déposés dans des boyaux parallèles. Des fouilles méthodiques sont entreprises dès 1965 sous la conduite scientifique de l’abbé Raymond Boyer et du spéléologue René Pellet. Dix-huit séances de travail furent effectuées cette même année. On trouva même des fragments de céramique, de cuirasses, des pointes de javelots. 114 pièces ont été extraites, dont une trentaine de squelettes humains et une grande quantité de squelettes d’animaux.

Une importante panoplie militaire fut mise à jour, dont une splendide paire de jambières (cnémides) en tôle de bronze décorée de reliefs…

Pilleurs contre spéléologues

Le caractère funéraire de l’aven de Plérimond serait hautement vraisemblable. Malheureusement, des vandales s’acharnèrent bientôt sur le site, malgré la pose d’une grille, rapidement fracturée.

Dans cet aven somptueux, on peut admirer une remarquable colonne, plusieurs planchers stalagmitiques, dont un domine un petit lac.

C’est en 1982 que le spéléo-club dracénois AENSDV (Association d’études des nappes souterraines de Draguignan et du Var) décida de pratiquer des fouilles de sauvetage, afin de prendre de vitesse les pilleurs qui revendaient allègrement les pièces qu’ils découvraient. Les spéléologues utilisèrent même un détecteur de métaux, appareil pourtant prohibé par les archéologues, mais « il fallait faire vite et sauver encore ce qui pouvait l’être ».

Tout le matériel (six crânes humains, de nombreux ossements, un mors de cheval, une pointe de lance, une serpette… le tout remontant au premier âge du fer) fut confié, en mars 1987, au centre archéologique du Var.

 Savoir +

 Un aven est une cavité dont l’accès s’ouvre dans le sol et qui présente sur tout ou partie de son développement la forme d’un puits vertical ou sub-vertical, ce qui la rend difficilement accessible sans matériel spécifique. Les dimensions de l’ouverture en surface de ces cavités béantes sont très variables : de quelques décimètres jusqu’à deux cents mètres, de même la profondeur peut être impressionnante. Les avens de grande profondeur et/ou ayant une ouverture très large reçoivent parfois le nom d’abîme ou abyme.
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