Le Mimosa, fleur australe de l’hiver varois

4 Fév 2018 | Environnement

Reportages Yves Frebourg et André Inaudi

Interview de Jacky Grazuolo, Défenseur du Mimosa dans le  deuxième film à 3’20

Le Massif de Tanneron, c’est le Massif du mimosa : Mimosas sauvages et plantations de mimosa. C’est le berceau de sa culture et on lui donne le nom de « plus grande forêt de mimosa d’Europe ». Elle est à découvrir tout au long de l’année et plus particulièrement en janvier et février, moment de la floraison des fleurs de mimosa.  Le mimosa est né dans l’hémisphère austral, il en a gardé l’habitude de fleurir en hiver…Implantée sur les premières pentes du Tanneron, face à la mer, la forêt communale du Grand Duc, dont la gestion est confiée à l’O.N.F,  offre un véritable belvédère au dessus de la Côte de la Provence. D’une superficie de 90 ha, des pistes et des sentiers y sont aménagés et permettent à la fois de profiter de points de vue exceptionnels sur le littoral, tout en découvrant la flore forestière spécifique de ce Massif. Des tables de pique-nique sont installées sur le lieu de départ des boucles de randonnées. C’est l’itinéraire idéal en hiver pour profiter en famille du mimosa en fleur sur une piste très accessible à pied. D’autres possibilités existent au départ du quartier de Capitou en prenant le GR 51 qui ensuite rejoint la forêt du Grand Duc.

C’est autour des années 1880, que le Mimosa fût introduit sur le bassin cannois. Certains ouvrages nous apprennent que c’est le célèbre navigateur britanique, James COOK, qui emmena cette plante lumineuse dans notre région, d’autres racontent que ce sont les grands hôtes hivernaux de Cannes comme le Duc de VALLOMBROSA, Le Marquis de Mores ou Lord BROUGHAM qui introduisent dans leur propriété cette plante aux fleurs abondantes et odorantes.

Bénéficiant d’un climat méditerranéen, le Mimosa, originaire d’AUSTRALIE et comptabilisant environ 800 espèces, va très vite s’acclimater, se développer sur le massif du Tanneron et donner l’idée, au début du XX ième, à quelques horticulteurs de produire la plante aux « boutons d’or ». Les premières cultures de mimosa à caractère commerciales naissent alors. Dès cette époque, grâce à la technologie et  notamment au réseau ferroviaire, le marché anglais sera le plus important jusqu’au début de la seconde guerre mondiale. A la fin des années 1920, les cultures de mimosa couvraient plus de 600 hectares dans la région.

Un bouleversement incroyable va toutefois révolutionner la production du Mimosa. En effet l’histoire nous raconte, qu’un jour, un paysan (dont on ne connaît pas le nom) ramassa du Mimosa encore non éclos et sans le vouloir le disposa vulgairement sur un tas de fumier humide. Le lendemain, le Mimosa avait fleurit de toute sa splendeur. Les premières forceries de mimosa virent le jour: il suffisait simplement de créer une ambiance chaude et humide grâce à un poêle à bois et une bassine d’eau. Les mimosistes pouvaient contrôler la floraison de cette fleur.

La Forcerie de Mimosa AUGIER a été crée en 1926 par Augustin AUGIER dont le but était de faire découvrir à l’Europe du nord ( en particulier la Belgique) cette fleur originale.

Toutefois le concept du poêle à bois et de la bassine d’eau ne lui semblait pas être la meilleure solution pour faire fleurir le mimosa et surtout en grande quantité.
Ayant de bonnes connaissances dans le monde de la parfumerie grassoise, il demande à son grand ami Eugéne MICQUELIS (ingénieur chimiste et directeur des usines FIGENE) de lui calculer le volume d’une salle tout en ayant le contrôle de la température et du taux d’hygrométrie. En effet, il faut savoir que si la température est trop élevée et que le taux d’hygrométrie est trop faible,le Mimosa sèche et ne fleurit pas . Si la température est trop basse et que le taux d’hygrométrie est trop fort, le Mimosa fleurit mais la fleur reste humide et n’est pas commercialisable.
Après de nombreux calculs savants (comprenant les trois éléments principaux: volume de la salle, température et hygrométrie ), il est donc décidé qu’une simple chaudière à charbon avec thermostat allait créer une température variant de 20 °C à 25°C. Concernant l’hygrométrie, les tuyaux de chauffages reliés à la chaudière et entourant la salle allaient être recouvert d’eau (1 centimètre au de dessus du tuyau). La première Forcerie « moderne » prenait forme.

En 1932, Augustin AUGIER reçoit le mérite agricole et devient Chevalier de l’ordre du mérite agricole.

En 1934, il es nommé Officier de l’ordre du mérite agricole.

Au début de le seconde guerre mondiale, l’exploitation cesse toute activité alors qu’elle est à son maximum de productivité.

En 1945, l’exploitation repart de plus belle et s’ouvre un nouveau marché: celui des Etats-Unis d’AMERIQUE et notamment NEW YORK. Lors de la libération, quelques soldats américains trouvent cette fleur originale et la commercialise sue la côte EST des USA. De plus l’aviation se développe à une vitesse folle et tous les facteurs sont favorables pour partir à la conquête du nouveau continent.

En 1963, après le redoutable gel de 1956 (gel qui fera oublier le Mimosa sur le marché américain), Gaston AUGIER(1914 – 2001), fils d’Augustin, reprend l’exploitation et exporte 70 % de la production familiale en Suède et en Norvège.

En 1964, la chaudière à charbon est remplacée par une chaudière à mazout.

En 1970, la commune Tanneron est dévastée par un incendie qui va détruire intégralement les plantations de Mimosa. L’année suivante, les producteurs sont victimes du gel. L’exploitation ne pouvant plus fournir abondamment les deux pays scandinaves (le marché se perd totalement), décide de se tourner vers les marchés du nord de la France et surtout sur les marchés de la région parisienne.

En 1978, Rémy AUGIER, prend à son tour la succession de son père et intègre une nouvelle culture: celle de l’EUCALYPTUS. Cette dernière remplacera la culture du Mimosa des quatre saisons (ACACIA rétinoïdes) qui devient de plus en plus onéreuse et nuisible à la santé du fait du nombre de traitement chimique ( la cause: un insecte affaiblissant la plante se nommant PSYLLE)

En 1985, le massif du Tanneron va connaître un nouvel incendie sans conséquence pour les plantations. Mais la végétation sauvage est dévastée et ne protége plus les plantations du froid. L’année suivante, un terrible gel s’abat sur la Côte d’Azur.

Octobre 2000: Benoît AUGIER, fils de Rémy, crée sa propre exploitation agricole.

En 2006, l’exploitation de Rémy AUGIER fête son 80 ième anniversaire.

Janvier 2007: Rémy AUGIER reçoit le mérite agricole et est nommé Chevalier de l’ordre du mérite agricole.

Octobre 2007: les deux exploitations s’associent pour créer une EARL. Cela permettra de rassembler les forces en présence afin de faire évoluer l’exploitation toujours dans une seule et unique direction : c’est-à-dire satisfaire au mieux notre clientèle tout en restant fidèle à notre savoir faire.

LES DERNIÈRES ÉMISSIONS